samedi 16 juin 2012

Les pénuries

Bonsoir à tous,  

Voici un petit texte mi-figue, mi-raisin rédigé pendant mon séjour à l'urgence de la semain passée.


C'est rendu automatique.  Dès que je vis un situation aberrante relative à mon état de santé, je ressens le besoin de vous l'écrire. Semblerait que j'aime me plaindre et que vous soyez une bonne oreille.  



Les jours à l'urgence sont parfois remplis de petites joies, mais malheureusement parsemés de batailles futiles et exaspérantes.    

Lors de mon premier passage à l'urgence de l'HMR, j'ai vécu la pénurie des oreillers.  "Un oreiller madame...  Mais c'est très difficile à trouver ici.  On vous garde juste 48h de toute façon.". Je me suis même promise que je ferais cadeau de 2000 oreillers à l'HMR si je gagne un petit million.  J'ai compris la leçon, je traîne maintenant un oreiller en permanence dans la voiture juste au cas.  

Aujourd'hui, c'est une pénurie de bouteille d'eau contre laquelle j'ai dû me battre.  Mise en contexte : je suis une neutro (pour neutropénie) et je n'ai pas le droit de boire l'eau du robinet et je n'ai surtout pas le droit de sortir de ma chambre pour aller me ravitailler moi-même.  Comme j'ai de la chimio plein le corps et des antibiotiques pour combattre mon infection mystère, et surtout comme je suis un être humain, je DOIS prendre beaucoup d'eau.  Étant assez douée pour la planification, je sais qu'il me faut deux bouteilles pour traverser la nuit.  Habituellement, ces bouteilles arrivent automatiquement avec mon repas "spécial neutro".  Sauf ce soir.  Très concentrée sur mon difficile jeu de patience, j'ai soudainement vu apparaître devant moi une préposée blasée, sans habit d'astronaute (la seule dans tous mes visiteurs n'ayant pas respecté cet aspect crucial de ma survie dans ce nid à bactéries qu'est l'urgence de l'HMR), qui a déposé en hâte mon plateau de souper directement sur mon passionnant jeu de cartes afin de se sauver au plus vite.   Réponse à ma première demande transmise par le concierge à la blasée afin de rectifier l'oubli : " Y'en avait pas de bouteilles avec son repas, sinon j'y'aurais donnée.". Une heure plus tard : réponse de la blasée (entendue à travers ma porte) à une deuxième préposée venue rechercher mon plateau : "Ça fait deux fois que je lui dis a'madame!  Il n'y a plus de bouteille d'eau dans le réfrigérateur, et j'ai appelé à la cafétéria et y'en n'ont plus non plus.". J'imagine déjà la une du Journal de Mtl : "Pénurie d'eau dans un des plus grands hôpitaux de Mtl." ;)). Conclusion de toute personne un peu résignée, malade et fatiguée : je n'ai qu'à attendre le prochain quart de travail, soit jusqu'à minuit.  La préposée de nuit sera peut-être plus débrouillarde.  J'ai bien sûr aussi eu envie de lui répondre : "Voici 4$, au bout du corridor il y a sûrement une machine à eau, mettez l'argent dans la petite fente et appuyer sur le chiffre 2.". Mais je me suis retenue, car il est toujours préférable de garder les préposés et tout le reste du personnel de son côté, surtout à l'urgence où les services se font si rares.  Toutefois, mes besoins naturels de respect et d'humanité en ont pris pour leur rhume.    

Je dois vous avouer que l'arme ultime dans ces situations (où le cerveau n'arrive plus à remplir sa tâche de trouver une solution logique et où le coprs en a marre) reste les larmes... La colère verbale ou la menace d'appel aux médias doivent aussi être efficaces, mais moins spontanés pour moi.  Ben oui, une fille qui pleure, ça fait toujours un peu d'effet.  Surtout chez les hommes.  D'ailleurs, un troisième préposé (masculin), alerté par le ton exaspéré de la blasée, s'est costumé pour venir me voir et me demander s'il pouvait m'aider.  En fait, ce ne sont pas les multiples refus qui ont fait jaillir mes larmes de colère, mais plutôt la rapidité avec laquelle le gentil préposé est revenu avec trois (!) bouteilles d'eau.  "Il fallait regarder dans le bon frigo" m'a-t-il dit avec un grand sourire.  Ça ne prend qu'un tel ange pour redonner l'espoir et le sourire (même en arrière des larmes).  

Conclusion 1 :  On ne pourra jamais éliminer l'incompétence, la paresse ou les gens malheureux dans leur métier.  Mieux vaut les aborder avec un peu d'humour quand l'énergie nous le permet.

Conclusion 2 : Éviter à tout prix l'urgence (de l'HMR du moins) lors d'une hospitalisation, même de courte durée, particulièrement en cas de neutropénie.  Ce qui signifie avoir de méchantes bonnes plogues, un diplôme de médecin sous la main ou un don prévoyance extraordinaire.  "Bonjour, je voudrais réserver une chambre en neutropenie à l'étage pour mardi dans deux semaine car j'ai bien l'impression que je vais encore faire une neutropenie fébrile."  

En espérant vous avoir fait sourire un peu.  Bonne soirée!

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