mardi 31 juillet 2012

Huitième kilomètre

Bonjour à vous,

J'ai enfin pris un certain air d'aller pour continuer mon marathon. Un huitième kilomètre de parcouru sans même le réaliser. Avec en prime une très bonne nouvelle : je crois avoir trouvé la solution pour augmenter mes globules blancs - trois injections de Neupogen (petit cousin du Neulasta, au coût un peu moins exorbitant et à l'efficacité plus évidente, du moins pour moi) par semaine. J'ai même fracassé un record en atteignant un niveau relatif de 22 pour mes neutrophiles lundi dernier. La normale se situe entre 1.8 et 7.1, les traitements de chimiothérapie sont permis à partir de 1.5 et j'étais à 1.3 depuis deux semaines. Bravo à mes petits globules blancs chéris qui se sont bâti une superbe équipe!


En attendant le début de mon traitement, pour passer le temps mon amoureux a eu la bonne idée (et ce n'est pas sarcastique!) de me raconter l'histoire du dernier Batman... Avec tant de passion que je me suis mise à adorer le récit. Il faut dire que Martinou ne me raconte que les moments importants du scénario et laisse tomber tous les powpow! boomboom! et autres passages violents qui m'auraient fait frissonner à l'écran. 

Encore une fois, j'ai bénéficié d'un service hors-pair : plusieurs infirmières répondant à mes questions (du genre : 22 de neutrophiles! Est-ce dangereux? Ce pourrait-il que je me transforme en Catwoman? - la passion pour les super-héros est contagieuse) et un chum hyper-attentionné (couvertures chaudes changées aux trente minutes, réajustement de mes bas et gants dès que nécessaire, animation continue des vidéos familiaux puisqu'il m'est impossible de pitonner sur mon iPad avec mes méga-mitaines congelées (imaginez des mitaines de four double épaisseur) calées sur les mains, cachous et eau fournis à volonté, etc). Malheureusement, la massothérapeute de la semaine passée était en vacances. Pour compenser, nous avions deux bénévoles au lieu d'une.

Deux bénévoles = deux fois plus de belles anecdotes à vous raconter. J'ai ainsi pu constater une autre (mini) lacune de notre système de santé : il ne semble pas y avoir de formation en diplomatie ou en psychologie 101 du malade pour les bénévoles. Bien qu'ayant tous un très grand coeur, ces derniers n'ont pas toujours les meilleures techniques pour rassurer les patients et faire face à leur humeur parfois imprévisible et piquante.  Voici deux illustrations de cette lacune :

ANECDOTE DU BÊTA

Altercation entre un monsieur (assez bêta et impoli) et la bénévole X (plutôt susceptible et nous ayant déjà avoué préférer vivre seule qu'avec un air bête) :
- "Désirez-vous quelque chose monsieur?"
- "Un jus."
- "On dit svp monsieur!"
- "Y faut-tu que je me mette à genoux avec ça?".
Ajoutez à ce petit discours des éclairs de feux dans les yeux de la bénévole et du bêta. Impossible pour Martin et moi, témoins directs de la scène, de réprimer de grands sourires puisque monsieur bêta, hé bien!, il n'en avait pas de genoux (deux jambes amputées!). Avouez que sa réplique était bien placée. Enfin, l'infirmière Mélanie, plus diplomate et habituée aux tempéraments parfois particuliers des patients, est finalement venue calmer la situation. Nous n'avons pas revu la bénévole blonde du reste de la séance... et par conséquent, je n'ai pas eu mon petit chocolat.... Snif! C'est bon le chocolat avec les cachous.

ANECDOTE DIPLOMATIQUE

Par la suite, Martin et moi avons eu la chance de se farcir pendant dix minutes toute l'histoire de l'auto-greffe de moelle osseuse de la bénévole Y atteinte il y a huit ans d'un lymphome machin-machin et ayant passée 50 jours en isolation. Elle a même pris la peine de préciser que lors de son séjour à l'hôpital, elle a croisé un jeune père en récidive de cancer (au moins ce n'était pas du sein), isolé lui aussi pendant plusieurs semaines et ne pouvant voir ses enfants que la fin de semaine dans le salon de l'hôpital. En entendant ces derniers détails, mon cerveau s'est fermé et s'est mis à jouer en boucle "je ne veux plus entendre, je ne veux plus entendre....". J'ai fini par couper impoliment la bénévole dans son passionnant discours pour demander quelque chose (n'importe quoi!) à Martin. Lorsqu'elle s'est éloignée de nous, j'ai crû qu'elle avait compris le message....  Pas tout à fait. Elle est plutôt allée recommencer le même manège avec le patient en face de moi. Pour conserver ma paix mentale, j'ai été contrainte de mettre mes écouteurs et de monter le volume de mon iPad au maximum jusqu'à la fin de mon traitement. Règle d'or avec les patients (dans n'importe quels départements de l'hôpital et particulièrement en oncologie) : si vos histoires personnelles ne sont pas full positives et durent plus de deux minutes, merci de les garder pour vous! 

 
Pour terminer sur une note plus souriante, j'aimerais vous raconter l'histoire des Popsicles. Savez-vous qu'il y a des patients chanceux qui ont le droit d'avoir un Popsicle pendant leur traitement? Chanceux est peut-être mal choisi comme terme, puisque ce sont les patients qui ont des aphtes buccaux (effets secondaires fréquents de la chimio). Mais, tout de même, ça fait sourire de voir les petits monsieurs et les petites madames (habituellement tous beaucoup plus âgées que moi) avec leur Mister Freeze rose nanane ou jaune aux bananes... Et la minuscule dame de la chaise #9, du haut de ses 80x ans qui s'exclame: "Mais ils sont beaucoup trop sucrés vos Popsicles mademoiselle!" Une image de camp de jour pour retraités ;).... Pour ma part, pas de Popsicles, mais les plus belles mitaines et pantoufles bleues de tout l'étage!

En somme, je m'habitue à la routine des traitements de chimio et je m'amuse comme je le peux lorsque je fréquente la faune particulière de l'hôpital.

Bonne semaine à tous! 

Elyse, la coureuse cyto

PS familial: Jean-Thomas, notre coco de 13 mois, marche officiellement comme un grand depuis le weekend dernier!!! Beau cadeau d'anniversaire pour son parrain.


4 commentaires:

  1. Allo Élyse,

    Si certaines bénévoles ne sont pas douées dans l'art subtil du racontage d'histoires, ce n'est pas ton cas!

    Pour les Popsicles, je suis certain que Marie et Jean-Thomas sont prêts à partager les leurs avec toi.

    Parlant de Jean-Thomas, il a vraiment un sourire craquant!

    Gilles

    RépondreSupprimer
  2. Bien d'accord.... Même avec le nez ruisselant!

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour Élyse
    Pourrais-tu m'ajouter à ton mailing list svp

    Merci

    Robert
    robertolebel@hotmail.com

    RépondreSupprimer
  4. Go jean-Thomas! Tu peux maintenant te joindre au groupe et marcher derrière ta maman avec nous tous!
    AH

    RépondreSupprimer

Les dernières nouvelles - 28 Février 2020

Bonjour à vous, Nous avons décidé de relancer le blogue afin de partager avec vous les dernières nouvelles.  Ce sera ainsi plus facile ...